Jean Paul Riopelle est une figure majeure du paysage artistique québécois. Sa vie créative couvre largement la deuxième moitié du XXe siècle. Son œuvre participe à l’avènement de nouvelles écoles. Sa curiosité ignore les frontières entre disciplines et sa technique se réinvente périodiquement. Sa production semble guidée par deux élans fondamentaux: une pulsion créative puissante et continue, et une tendance récurrente à changer radicalement de sources d’inspiration et d’univers.
De 1944 à 1960, les premières influences picturales de Riopelle, ses amitiés à l’École du meuble de Montréal avec les futurs signataires du Refus global, sa transition vers la France et les relations qu’il y développe avec André Breton, Joan Miró ou Samuel Beckett, son succès grandissant, sa rencontre déterminante avec Joan Mitchell et les incursions auprès de l’avant-garde artistique new-yorkaise qui s’ensuivent.
La relation à la fois féconde et agitée de Mitchell et Riopelle est la toile de fond de la période 1960-1980. Les visions créatives se nourrissent mutuellement, les références culturelles s’entrechoquent, les élans passionnels mènent à la fusion aussi bien qu’à la rupture. Graduellement, le retour de Riopelle au Québec s’esquisse. Son amitié naissante avec Champlain Charest y contribue.
Ancrées à L’Isle-aux-Grues, au cœur du fleuve Saint-Laurent, les années 1986 à 1993 témoignent de l’intérêt de plus en plus marqué de Riopelle pour des représentations plus ou moins figuratives de la nature québécoise. Sa nouvelle compagne, Huguette Vachon, l’assiste de mille façons, et d’autant plus que l’âge impose à l’artiste de nouvelles techniques de création. Ces approches parfois inédites trouvent leur apothéose dans L’Hommage à Rosa Luxembourg, qui célèbre le souvenir de Joan Mitchell, décédée en 1992.